En France, l’hydroélectricité, source d’énergie renouvelable majeure, est au cœur d’un débat institutionnel et économique crucial. L’enjeu : la mise en concurrence des concessions de barrages hydroélectriques, exigée par l’Union européenne. Après des années de tensions, la France semble avoir trouvé une voie de compromis qui pourrait bien redessiner le paysage de la production électrique nationale.. Hydroélectricité : l’accord qui change tout pour les barrages français !
Le contexte : Une longue bataille entre Paris et Bruxelles
Depuis la directive européenne dite « Concessions » de février 2014, les États membres sont tenus d’assurer une mise en concurrence des contrats de concession publics arrivant à terme.
En France, les installations hydroélectriques de plus de 4,5 MW sont soumises au régime de concession (généralement d’une durée de 75 ans), tandis que les plus petites sont soumises à un simple régime d’autorisation administrative.
Toutefois, la France n’a pas respecté l’obligation de remettre en concurrence les concessions échues. Deux mises en demeure ont été adressées par la Commission européenne, en 2015 pour une suspicion de position dominante d’EDF, et en 2019 pour non-respect du droit des concessions.
Actuellement, plus de 400 concessions subsistent, représentant plus de 90 % de la puissance installée hydraulique. La quasi-totalité de la production hydroélectrique est entre les mains d’exploitants historiques comme EDF (environ 75 %), la Compagnie nationale du Rhône (CNR 22 %) et la Société hydraulique d’aménagement de la France méridionale (SHEM 3 %).
De son coté, le gouvernement français a toujours mis en avant la spécificité de la gestion hydraulique, arguant que la mise en concurrence de ces actifs risquerait de fragmenter le système, de compromettre la sécurité des installations et de nuire à la gestion intégrée des bassins versants.
Un accord de principe pour apaiser les tensions
La situation a pris un tournant décisif en 2025. Fin août, après des mois de négociations et de réflexions, un accord de principe a été trouvé entre la France et la Commission européenne. Cet accord s’appuie sur les travaux d’une mission d’information parlementaire menée par les députés Joël Battistel et Jean-François Bolo. Le rapport de cette mission a mis en lumière les dangers de l’ouverture totale à la concurrence et a proposé une alternative plus pragmatique:
- Passage du régime de concession au régime d’autorisation, à l’exception des ouvrages de la CNR (statut particulier).
- Le maintien des exploitants en place, afin d’assurer la continuité d’exploitation, la sécurité, la gestion de l’eau, le maintien des compétences et des retours territoriaux.
- Mise à disposition par EDF de 6 GW de capacités hydroélectriques « virtuelles » à des tiers, via des enchères compétitives sous le contrôle de la CRE.
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Des enjeux stratégiques et des défis majeurs
La question de la mise en concurrence des barrages n’est pas qu’une simple querelle administrative. Elle a des répercussions concrètes sur l’avenir de notre système énergétique. L’un des risques majeurs soulevé par les exploitants, était le blocage des investissements hydroélectriques. Si l’avenir d’une concession était incertain, les exploitants n’auraient pas été incités à investir dans la modernisation et l’entretien des barrages, ni dans de nouveaux projets.
Ce risque était particulièrement élevé pour les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Ces installations jouent un rôle crucial dans la stabilité du réseau en période de forte production (via le pompage de l’eau) ou de forte demande (via le turbinage). L’incertitude sur la prolongation des concessions aurait pu freiner le développement de ces outils essentiels à la flexibilité du réseau électrique.
Au-delà de l’aspect économique, les enjeux liés à la continuité d’exploitation sont primordiaux. Les barrages sont des infrastructures complexes qui nécessitent une expertise technique pointue. Une fragmentation des concessions pourrait nuire à la gestion coordonnée de l’eau, à la sécurité des ouvrages et à la capacité à répondre rapidement aux besoins du réseau.
L’hydroélectricité de demain : ce qui nous attend
L’accord de principe offre une bouffée d’oxygène à l’ensemble du secteur. Il permet de sortir d’une impasse qui durait depuis près d’une décennie et qui mettait en péril l’avenir d’une composante essentielle de la production électrique renouvelable française.
➡️ Cependant, il ne s’agit que d’une première étape. L’accord doit encore être formalisé et les modalités de la mise en concurrence des capacités virtuelles précisées. L’option de la révision de la directive européenne, qui permettrait de clarifier la situation sur le long terme, est également sur la table, mais ce processus pourrait prendre au moins cinq ans.
En attendant, la France a réussi à préserver la gestion intégrée de ses barrages tout en répondant aux exigences de l’Union européenne. L’hydroélectricité, deuxième source d’électricité en France derrière le nucléaire, reste un pilier de notre mix énergétique. C’est une énergie propre, pilotable et flexible, indispensable pour accompagner la montée en puissance des autres énergies renouvelables intermittentes comme l’éolien et le solaire.
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